En 2005, j'ai cherché si le mot évidance existait, ce qui n'est pas le cas : cnrtl. La question d'inventer un mot — le son dit l'évidence, le a dit l'évidement — est cruciale, car relevant de l'espace. L'évidance est le point, le point précis, le point exact où les miroirs de la mer brisée se creusent, s'évident, font vacuum, sous la pression du fil de l'aileron du requin, de son style. Son style de nage, d'attente, d'affût, de chasse, de respiration, de sommeil, qui ne peut s'arrêter. C'est le point d'engouffrement à partir duquel non pas quelque chose existe, mais se dote, se charge de présence. Une présence absence, un présence absente, mots concaténés déjà ou assez. De quel style de présence, de quelle manière, de quelle matière ? C'est par le fait même que ce mot n'existait pas et disons que, maintenant, il existe, que devant lui la surface est à creuser, sillonner, et que derrière lui la surface ne se calme pas, elle est aussi disponible au retournement qu'après. Le point précis, exact, plus qu'exact, plus que précis est un présent (celui de l'écriture, de la perception...), est un axe, un trou, une chas d'aiguille, début constant d'une topologie ramassée.